Art & Digital

Une transformation phare qui touche le monde de l’art comme l’ensemble de la société : la transformation digitale.
Auteur
Juliette Podglajen
Publié le
17/4/2023

Lundi 10 juillet, Paris-Île de France Capitale Économique (PCE) organisait sa 3e soirée Les MAGNETiques en partenariat avec Sotheby’s. L’occasion d’aborder une transformation phare qui touche le monde de l’art comme l’ensemble de la société : la transformation digitale.

Marie-Anne Ginoux, Directrice générale de Sotheby’s, a ouvert la soirée rue du Faubourg Saint-Honoré en rappelant l’engagement de la maison de vente en matière d’art numérique. Sotheby’s était en effet la première grande maison à organiser une vente aux enchères de NFT en 2021, avec la collection Natively Digital de Robert Alice.

Depuis le début du projet Les MAGNETiques, PCE étudie l’art et la culture en tant que facteur d’attractivité différenciant pour le territoire du Grand Paris. Les nouvelles technologies transforment la création et la diffusion de l’art et amènent à s’interroger. Xavier Lépine, Président de PCE, l’a évoqué dans son mot d’accueil : le développement du numérique soulève de nombreuses craintes. Remplacement de l’homme par la machine, perte d’emplois, perte de sens sont autant de questions qui touchent le monde de l’art et tous les pans de nos sociétés. Mais le numérique, associé à l’art, a un véritable potentiel. Celui de créer un imaginaire commun, de faciliter l’accès au beau, de construire des ponts au-dessus des fractures. 

Le numérique, malgré sa dématérialité apparente, s’ancre ainsi dans le réel. Chloë Voisin-Bormuth, Directrice générale de PCE, a ainsi invité les intervenants à réfléchir aux liens entre art, numérique et territoire. Alors que l’art numérique permet d’embrasser la terre entière, le lieu résiste-t-il ? Le Grand Paris comme place de marché, de création et de rencontres continue-t-il à exister et faire sens pour ce type d’art particulier ?

Les différents échanges et points de vue exprimés par les intervenants montrent une chose : la logique de place persiste et Paris conserve son image d’avant-garde. Même les NFT, qui ont pris de l’importance pendant la pandémie de COVID déconnectés de toute incarnation physique, s’ancrent désormais sur les territoires et c’est aujourd’hui Paris qui prend de l’avance. 

La vivacité de l’écosystème de l’art numérique francilien n’y est pas pour rien. La startup LaCollection et son co-fondateur Jean-Sébastien Beaucamps ont fait revenir à Giverny sous format NFT des pastels impressionnistes conservés au Museum of Fine Arts de Boston et travaillent aujourd’hui avec la Monnaie de Paris ou encore le Grand Palais Immersif. Le Centre Pompidou a été un des premiers musées à se doter de l’architecture juridique adaptée pour l’acquisition de NFT. Xavier Rey, son directeur, met en avant la mission patrimoniale du musée : il est essentiel de garder une trace de cette intelligence artistique numérique et de relater son histoire. Le musée continue ainsi de répondre aux besoins de communion, de partage et de confiance des spectateurs de l’art, qu’il soit numérique ou non. En face de Pompidou, la NFT Factory et ses 128 co-fondateurs éduquent aux NFT. Les maisons de vente jouent également leur rôle. Michael Bouhanna, Vice-President, Contemporary Art Specialist & Head of Digital Art and NFTs chez Sotheby’s, souligne qu’elles ont à éduquer, rendre accessible et amener les artistes digitaux sur leurs marchés. Les encouragements de l’État pour que les institutions culturelles embrassent le Web3 renforcent cette dynamique, notamment avec le plan France 2030 et l’engagement du ministère de la Culture. Le Grand Paris est ainsi un territoire pionnier. Solenne Blanc, Directrice générale de Beaux-Arts & Co, le met en évidence : le Grand Paris regorge de lieux qui mêlent création artistique, numérique et enjeux sociétaux.

Les évolutions du numérique sont aussi vecteurs d’innovation et de créativité. La puissance croissante de ces outils n’est pas à craindre mais plutôt à mieux appréhender. Les artistes sont souvent les premiers à prendre possession des nouvelles technologies et ils facilitent la prise de recul. Selon François-Xavier Petit, Directeur général de Matrice, le numérique appelle à plus de créativité. L’artiste est amené à créer de nouvelles synthèses productives homme / machine. Le numérique dans l’art change également le rapport au public, comme le souligne Marion Carré, Fondatrice et Présidente d’Ask Mona. Au lieu de penser pour le public, ce dernier est intégré dès le début de la conception pour plus d’horizontalité. 

Ce changement de rapport entre public et artiste a été explicité dans un autre cadre, celui du témoignage d’Héléna Guy Lhomme, Artiste plasticienne, et de Jean-Baptiste Perrin, Public Sector Vice-President de Capgemini, au sujet de la résidence Les MAGNETiques qui les a liés autour d’une œuvre monumentale robotisée en laine cardée : le Cloud. Dans son œuvre, l’artiste voit une continuité entre les outils, du medium low tech qu’est la laine aux algorithmes les plus performants mis en place par les collaborateurs de Capgemini pour permettre le mouvement du nuage. Pour Jean-Baptiste Perrin, la présence de l’artiste au sein de l’entreprise a rassemblé ces derniers autour d’un projet collaboratif et concret, qui n’était pas codé par la hiérarchie.

Une magnifique illustration de la réflexion qui a inspiré les résidences et le projet Les MAGNETiques : la culture a un rôle majeur pour engager des réflexions et encourager la créativité et la cohérence de groupe. En cela, la solidité de l’écosystème culturel et artistique francilien est une force d’entraînement pour l’ensemble des secteurs économiques de la région. Laurent Roturier, DRAC Île-de-France, a réaffirmé cette corrélation et nous invite à continuer ensemble à allier formation, création, économie et numérique.

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