Le sport dans le milieu professionnel est de plus en plus identifié comme un enjeu d’attractivité, tant pour la performance de l’entreprise que pour la fidélisation de ses employés. Ce dernier s’est particulièrement développé ces dernières décennies, mais sa démocratisation rencontre encore des obstacles, alors que la demande des salariés et employés est croissante. Dans le projet d’une métropole sportive et mondiale, la place laissée au sport en entreprise est primordiale, particulièrement dans l’image qu’elle renvoie.
Les chiffres du sport en entreprise : un intérêt réel mais un faible développement
Bien présent, mais longtemps ignoré par le mouvement sportif, ce n’est qu’en 2008 que l’Organisation Mondiale de la Santé déclare que les employeurs doivent s’assurer de la bonne santé de leurs employés, notamment par la pratique d’une activité physique régulière. Pourtant aujourd’hui 82% des entreprises françaises n’ont pas mis en place d’initiatives en faveur de cette pratique, alors que 87% se disent convaincus des effets positifs. Seules 7% des entreprises incitent leurs salariés à pratiquer une activité sportive au travail, et 28% ont la possibilité de le faire dans le cadre de l’entreprise. Or, si les conditions étaient réunies, 78% des salariés seraient intéressés. Ce constat est intéressant dans ce qu’il reste à corriger dans le projet pour Un Grand Paris du Sport, car le bien-être au travail est un critère recherché, et qu’un territoire attractif doit pouvoir y répondre. Le sport est une ressource supplémentaire d’attractivité dans le bien-être en entreprise.
Les bénéfices du sport pour les employés comme les employeurs
Le travail peut causer de nombreuses tensions physiques comme mentales, que la pratique sportive peut en grande partie atténuer, tant sur la forme physique (limiter les effets néfastes de la sédentarité et les troubles du squelette), que mentale (bien être, réduction du stress et de l’anxiété, amélioration de l’humeur et de la qualité du sommeil, estime de soi). Au-delà de l’intérêt personnel, le sport en entreprise développe un sentiment d’appartenance, une cohésion de groupe, qui ont des effets bénéfiques sur la motivation au travail et sa productivité. Une personne sédentaire qui se met à pratiquer en entreprise améliore sa productivité de 6% à 9%, et amène une augmentation de la rentabilité nette entre 1% et 14% pour l’entreprise. Plus que les effets directs sur les performances des salariés, le sport se révèle aussi un vecteur d’économie. Dans un contexte où la pression exercée sur les employés s’accroît, la dégradation de la santé génère souvent des coûts à la fois visibles (frais médicaux, turnover, absentéisme) et cachés (performance insuffisante, mauvaise image, faible attractivité, souffrance au travail). La marque employeur apparaît alors implicitement comme le premier à bénéficier des effets positifs possibles de laisser aux employés la possibilité de pratiquer le sport. Le bien être des travailleurs apparaît donc dans un premier temps comme un levier économique. Mais, l’entreprise n’en est pas le seul bénéficiaire : le territoire dans laquelle elle est implantée est aussi héritier des bénéfices qui en découlent. Dans la perspective ou un territoire cherche à accroître son attractivité, les conditions de travail proposées par les entreprises sont donc essentielles, et les collectivités ont tout intérêt à s’associer avec ces dernières pour en optimiser les bénéfices.
Des freins à surmonter
Outre le manque de temps, l’organisation du quotidien dans l’entreprise par le salarié est un enjeu important. Il est plus facile d’articuler son temps de travail et son temps sportif lorsque l’on est cadre qu’ouvrier, et la taille de l’entreprise joue également. Au-delà du cadre professionnel, il existe des freins culturels (culture du présentéisme, moindre priorité au sport), qui seraient des barrières plus surmontables si les locaux étaient adaptés (équipements, vestiaires, douches). Les freins sont à la fois financiers et humains. Cependant, il n’est plus nécessaire de réaliser des investissements surdimensionnés pour inciter les activités sportives : les offres existantes ne demandent qu’à être optimisées, entre les ressources humaines et les managers pour mettre en place une véritable stratégie de sport-santé avec des programmes adaptés. L’offre existe, mais elle manque de visibilité, à la fois dans la sphère interne, mais aussi dans le lien avec l’environnement externe dans lequel elle se situe. Malgré une demande réelle, l’incapacité à identifier les interlocuteurs pouvant accompagner le développement de la pratique en interne (coaching, activités collectives.) ou externe (faire le lien avec les structures alentour, organiser des événements) est encore soulignée et particulièrement présente. L’ensemble de ces obstacles ne pourra être surmonté durablement sans une association durable entre le territoire et l’entreprise, où les deux puisent dans leurs ressources pour répondre à ces besoins.
De multiples formes de sport en milieu professionnel existent et se développent
Le sport en milieu professionnel peut prendre différentes formes. L’engagement de l’entreprise peut être discret (communication, sensibilisation ou formation) avec simplement une incitation sans engager de grands moyens, axée sur la promotion des valeurs du sport. Il est aussi possible de s’engager avec des moyens financiers ou matériels (chèque sport, aide pour des abonnements en salle), une pratique plus auto-organisée peut alors se développer en aval. Enfin, une entreprise peut marquer son fort engagement, jusqu’à permettre la pratique sur le temps de travail, jusqu’à impulser une participation à des évènements sportifs sous le nom de l’entreprise. De cette volonté sont nés les évènements sportifs interentreprises (Fédération française du sport en entreprise, Jeux Nationaux du sport en entreprise), jusqu’à des rencontres internationales (European Federation for Company Sport, World Federation for Company Sport, Jeux mondiaux du sport en entreprise). Au-delà de ces engagements, la forme la plus complète reste la mise à disposition d’infrastructures sportives gratuites. L’ensemble de ces démarches améliorent la marque employeur « Great Place to work » Certains sièges de grandes entreprises possèdent désormais de grandes infrastructures (piscine, squash, dojo), permettant une pratique matin, midi ou soir. Cependant, souvent ces infrastructures ne sont pas optimisées (exemple avec la piscine de la tour Total, qui n’est pas remplie au maximum de sa capacité). Le statut d’Etablissement Recevant du Public (ERP) est en effet nécessaire pour accueillir les salariés des entreprises voisines pour optimiser l’utilisation. Des start-ups apparaissent en réponse, afin de donner accès aux employés à un ensemble de réseau d’infrastructures et d’activités sportives, dans le milieu professionnel. Plus largement, le territoire doit aussi participer et encourager ce développement, notamment en apportant de nouvelles réponses à ces besoins. Les collectivités doivent devenir acteurs de ce mouvement, afin d’en devenir davantage bénéficiaires. La pratique sportive au travail peut constituer un véritable atout d’attractivité, que ce soit à l’échelle nationale ou mondiale, car les salariés sont en demande de ces conditions de bien-être.
Dynamiser la métropole du Grand Paris
Des pays ont réellement développé ce concept du sport en entreprise, afin d’améliorer l’attractivité internationale de ces dernières. Le Canada a créé une certification « Entreprise en Santé ». La Suède a imposé que les subventions des activités physiques et sportives des salariés par leurs entreprises soient exonérées d’impôts (jusqu’à 500€ par an et par salarié). La métropole du Grand Paris se doit d’être en lien avec les entreprises, notamment pour motiver un cadre propice à un espace de travail productif et sportif. S’il est essentiel de continuer à sensibiliser la pratique, et à en démontrer la productivité, il faut renforcer les outils pour faire prendre conscience des enjeux et bénéfices existant, afin de mettre en place une pratique sportive dans le cadre professionnel. Élargir le sport en milieu professionnel, c’est élargir les possibilités d’attractivité professionnelle. Au-delà du cadre de l’entreprise, le sport professionnel rejoint la question des mobilités urbaines : déplacement pour s’y rendre ou encore prendre l’escalier dans les locaux.
Loin d’être simplement une affaire de l’entreprise, le sport sur le lieu de travail est aussi un enjeu territorial. En effet, fort levier économique, les conditions de travail offertes sont des éléments d’attractivités à prendre en compte. Dans ce cadre-là, la métropole du Grand Paris doit tenir rigueur de ces dynamiques, et les inclure dans sa stratégie d’attractivité. C’est un enjeu particulièrement criant dans une grande région métropolitaine comme Paris où la pression sur l’emploi du temps des salariés s’ajoute à une densité urbaine très forte, qui implique des réponses à la fois sur-mesure et très contraintes spatialement. C’est donc tout un travail d’optimisation de l’offre existante et d’innovation managériale qui est nécessaire ici, car une métropole sportive mondiale est aussi une métropole ou le sport au travail est solidement développé.